
Voilà un artiste qui me parle profondément, qui m'ébranle et retourne mon vieux coeur comme un gant...
Allez y, sans tergisversations.
Willemin en parle:

Pour le plaisir...:


Août 2025 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | 2 | 3 | ||||||||
4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | ||||
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | ||||
18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | ||||
25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | ||||
|
J'ai posé pour lui. Nue, la chair vibrante vivante fragile. Dans les mains une arme de chair morte. Très troublant, l'odeur de la viande, l'odeur de boucherie.
A voir donc son expo, et son livre:
«Les photographies de Dimitri Tsykalov existent à l’extrême opposé de la nature morte. Nous avons affaire à un processus d’hypercarnation, de surenchère physiologique. Nul dépiautage, pas
d’équarrissage. Mais d’invraisemblables expériences d’implants de muscles et d’organes. Il s’agirait de savoir si ce principe d’épaississement des symboles de vie relève d’un genre artistique ou
d’une catégorie esthétique. De fait, la viande en soi comme matériau ne suffit pas à répondre à la question. Vanitas, robe de chair pour albinos anorexique de Jana Sterbak (1987), vêtement en
viande de boeuf, ou les peaux de cochon tatouées de Wim Delvoye, tout comme le boudin réalisé par Michel Journiac avec son propre sang, son propre corps qu’il envisage comme une « viande
consciente socialisée », demeurent incontestablement des natures mortes faisant vanités.
Si les images de Dimitri Tsykalov partagent avec le genre des vanités un certain nombre de caractères, elles ne sont pas pour autant des natures mortes. S’agirait-il d’une sous-classe du genre
dont l’économie plastique ne serait nullement dans la soustraction, l’évidement, mais dans l’addition et le recouvrement, et que l’on pourrait nommer, un peu ridiculement, les « Crudités » ?
(...)
Comme d’autres jouent avec le feu, Dimitri Tsykalov joue avec la vie et la mort : il donne vie à ses sculptures de fusils (instruments qui ôtent la vie) avec de la viande morte. Cette viande
morte est tenue par un humain qui, dès lors, nous apparaît comme de la viande encore vivante, mais pour combien de temps ? Une autre distinction se met alors à vaciller : la différence entre une
viande fraîchement morte et une autre qui ne l’est pas encore devient ténue. Dans cette « viandification », se met à vivre ce qui est inanimé (le fusil) et se met à mourir ce qui est vivant (le
corps réduit à de la viande).
Par un processus de contamination dont il est coutumier – comme si ses oeuvres possédaient la capacité insinuante de ne pas s’arrêter à leur bord extérieur mais de « continuer » dans le monde qui
les entoure, sur le mode d’une contagion virale –, Dimitri Tsykalov étend cette sensation de l’être-réduit-à-la-viande-crue au spectateur de ces images qui s’y trouve irrésistiblement aspiré car
il mesure qu’il est, lui aussi, de la viande, même s’il porte encore pour l’heure un costume Prada ou un manteau Balenciaga. Sous le tissu, la viande, toujours vivante, c’est-à-dire toujours en
train de mourir.»
jeanyvesjouannais dominiquequessada
Extrait de «Cadavre exquis» in Dimitri Tsykalov, Meat
Editions du Regard, 2008
«D’évidence, la chambre noire de Tsykalov est d’abord une chambre à opérations. Les corps s’y ouvrent avant que d’y être observés.
Or ces corps produisent chacun leurs propres blessures et leurs propres chairs. Ils fleurissent de tripes et de sang comme la fleur s’épanouit et comme le bois propage ses branchages. La
destruction niche toujours, incluse, dans l’objet, - ici dans le sujet -, cependant elle vient pirater la peau en lui ajoutant de la peau, le sang s’abreuve de sang à même l’épiderme et les
organes devenus hybrides amplifient leurs excroissances car la chair animale s’est jointe à la plasticité humaine, le temps d’une prise de vue.
Dimitri Tsykalov finit par dénouer sur ces tableaux de chair ce que propose vraiment la photographie lorsqu’elle exhibe ses planches contacts. Chaque cliché d’individu armé par les soins de
l’artiste de rehauts de chair et de sang sous forme d’armes charnues allume un éclair de violence, d’érotisme et d’effroi qui assaille le cortex du spectateur. Chaque sujet photographié vient de
lui-même au contact et attaque à la tête et au regard. Ces séries à un ou plusieurs sujets ne sont rien d’autre que des commandos artistiques.
Chacun peut y heurter du regard l’exhibition d’un corps à l’enveloppe intouchée, brandissant pourtant une blessure ouverte dans un débordement optique qui catastrophe, au travers d’une arme de
chair génératrice de crime et grâce à laquelle il pourra se faire exploser encore et encore exploser plus avant les limites de la représentation.»
Isabelle Rabineau
Extrait de «La chair au canon»
Du 24/09/2008 au 26/10/2008
MAISON EUROPEENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
5/7 rue de Fourcy PARIS 75004
Non, non ! Ne partez pas, venez vous mettre içi à mes côtés que nous lisions ensemble cette lettre de vous à moi adressée.
Voilà, n'est ce pas gentil ?
Bien, lisez avec moi monsieur [elle l'empêche de parler]:
« ma très chère Cousine, vous n'êtes pas sans savoir qu'en mon coeur je mène d'ardentes batailles qui me conduisent sur tous les fronts de France et de Navarre.
J'ai au fond de moi ce désir lancinant et brûlant,
mon dieu comme vous y'allez monsieur,
d'enfourcher mon fidèle destrier et de partir guerroyer à travers plaines et vallées !!!
Plaines et vallées ? Vous me laissez songeuse?. Non chuuut ne dites pas un mot,[elle lui colle le dos de sa main sans même le regarder, sur la bouche pour qu'il ne parle pas] laissez moi finir cette mystérieuse missive !
Ainsi donc, ma cousine, par la présente lettre je vous annonce que je vais bientôt partir, car je n'y tiens plus de ne pas céder à mes impérieux désirs ! »
Ah je vous en prie Monsieur, il vous faut m'en dire plus !!!
[elle se met devant lui, de façon à ce qu'il surplombe son décolleté et s'empare d'une de ses mains qu'elle colle sur son « coeur »]
Voyez mon coeur qui bat comme un petit oiseau par un chat effrayé?
Rentrez vos griffes vilain matou, il ne s'agit là que d'une gorge.
Vous que le poids des ans épargne encore, avez-vous déjà embrassé si douce soie?
Non ne répondez pas, gardez plutôt vos lêvres pour de plus suaves entreprises.
Vos envies de plaines et de vallées vous auront sans doute égaré du côté du Mont Blanc et de son ami le Mont Olympe?
[elle plaque les deux mains du cousin sur sa poitrine]
Sur lequel porteriez vous votre choix pour y satisfaire vos voraces appétits ?
Le Mont Blanc ? Non, sans doute le Mont Olympe et ses promesses de divins plaisirs?
Ah hélas je sais que j'ai la gorge d'une cantinière ou d'une madelon... Voyez ces deux têtons si blancs, si lourds...
[son mouchoir s'échappe de son décolleté, elle se penche pour le ramasser et colle son postérieur sur le bas ventre du pauvre garçon]
Mon Dieu Monsieur mon Cousin !!!! La guerre aurait-elle démarrée ?
N?est ce point là votre sabre que je sens pointer dans mes jupons ?
Vous pouvez le remettre au fourreau, il n'est guère de bataille aussi tendre que l'on gagne de la sorte!
Mais contre qui voulez-vous donc vous battre ? Des moulins en Espagne ou des cotillons et crinolines ?
Si c'était cela je pourrais vous arranger.
[elle prend une main du cousin et la plaque sur son bas-ventre]
AAAAAAAAH Voyez monsieur dans quel état vous me mettez !!! Je n'y tiens plus c'est trop !!!
Et si l'on venait ? Que penseraient mes gens ? Et mon défunt époux ? Mes enfants ?
Tenez je ne lutte plus! Laissez vos envies faire mon siège et s'engager le combat !!!
Monsieur mon Cousin vous êtes un soudard et moi la tendre forteresse que vous assiégez !
[elle se met à quatre pattes relève ses jupes et tend son cul]
Et tout comme elle c'est par mes issues secrètes que vous prendrez mon coeur...
L-HardCore
Commentaires